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Centre Départemental du Vaucluse
« Apaise le temps » de Michel QUINT
Abdel, le héros, est professeur de lettres dans un lycée de Roubaix. Il fréquente depuis l’enfance une petite librairie du quartier que tient maintenant Yvonne après la mort de ses parents. Mais Yvonne décède et Abdel hérite de tout, décidant alors de reprendre la boutique mal en point avec son stock de photographies qui cachent bien des mystères autour de la guerre d’Algérie et des passions qu’elle a soulevées. Des personnages attachants, généreux : Abdel, décidé à sauver les livres, Saïd lui aussi dévoué à ce projet, Zita, Rosa. Sur fond de guerre d’Algérie, un espoir de réconcilier tous ceux qui se sont combattus. Une écriture pleine de générosité qui ne s’embarrasse pas de constructions rigides, mais essaie de rendre au mieux les conflits vécus par les personnages.
Denise
C’est vraiment un très bon livre.
Fabienne
J’ai bien aimé aussi.
Mireille
J’ai bien aimé ce livre positif.
Denise
« La fabrique du monstre » de Philippe PUJOL
A partir de la vie quotidienne des habitants des quartiers défavorisés de Marseille (il n’y a pas que les quartiers nord …) dans lesquels il a réussi à se faire admettre, l’auteur nous livre une description pleine de vie et de réalisme des petits et grands trafics de cette ville qu’il aime beaucoup. Il y décrit les interactions des quartiers nord avec les quartiers huppés du « Roucas blanc » ou du 8ème, ainsi qu’avec le monde politique. Les derniers chapitres nous montrent les démissions et les compromissions des politiques locaux et l’ascension irrésistible du Front National. Aussi passionnant qu’un thriller, c’est finalement une description sans concession des personnalités et des entités dirigeantes de Marseille.
J.M. S.
Passionnant ! vision d’une réalité qui fait peur car on ne sait pas comment éradiquer les passe-droits et refaire de Marseille une ville plus saine. Mais le passé pèse encore beaucoup sur les nouveaux candidats.
Jane
Une réalité effarante à côté des trafics bien connus liés à la drogue. Le plus impressionnant, ce sont les combines des politiques, des hommes d’affaires, le clientélisme électoral etc et l’auteur nous précise que Marseille est le reflet de la France en général. La seule consolation, c’est que la « culture du crime » empêche celle du Djihad ! Un vrai coup de poing pour moi.
M. C.
Très édifiant !
B. C.
L’homme nu : la dictature invisible du numérique de Marc DUGAIN et Christophe LABBE
Sous prétexte de nous ‘simplifier la vie », les géants du numérique sont en train de pirater notre vie privée, de nous conditionner, de nous manipuler, de nous imposer leur vision du monde, à travers ordinateurs et téléphones, avec la complicité des Etats plus ou moins impliqués dans cette stratégie mondiale. Un livre qui fait froid dans le dos. A lire absolument. J.C. C.
Nous serons de plus en plus prisonniers de ces nouvelles technologies de plus en plus perfectionnées qui engendreront toujours plus de chômage, qui nous enfermeront dans une solitude de plus en plus intense dans une société vaincue par le virtuel. Pour les auteurs, la société imaginée par Orwell dans « 1984 » est douce en rapport à celle qui nous attend : une dictature sans violence est en train de se mettre en place avec notre assentiment tacite. Déjà s’est opérée une fusion entre les Big Data et le monde officiel de la surveillance et de la sécurité (Internet est une innovation militaire au départ). On est en train de créer un Etat dans les Etats, qui va tout régir. Dans un avenir plus ou moins proche, dans une société tout numérique où seule une oligarchie dirigera le monde, quelle place et quelle liberté pour « cet homme nu complètement dépendant, intellectuellement et financièrement de ce système » ? Un essai futuriste qui se lit comme un roman de SF et (c’est le but !) qui fait réfléchir. Très bien. B. C.
Quelques raisons d’espérer cependant : si notre cerveau est incapable d’imaginer des combinaisons à l’infini, il peut former des idées, des concepts, des imaginations. Le supercalculateur « Exascale » ne sera jamais capable d’inventer la théorie de la relativité, d’écrire « Guerre et paix » ou de composer « La flûte enchantée ». Les têtes pensantes de la Silicone Valley en sont conscientes et interdisent à leurs enfants de toucher un smartphone ou un ordinateur avant la 4ème. Le co-fondateur de Twitter achète à ses enfants des centaines de livres ! Pourtant, on parle aux USA d’une prochaine étape : celle du maître électronique. C. D.
« Le plus et le moins » d’Erri DE LUCA
De courts textes qui éclairent la vie de l’écrivain et ses œuvres. Textes qui abordent la fraternité entre les travailleurs, la lecture de la Bible, les luttes politiques. Très bien écrit évidemment.
M. P.
Voici présentés par ce beau titre quelques moments significatifs vécus par l’écrivain et dévoilés en 37 courts textes. Une écriture authentique et expressive, délicate, compatissante lorsqu’il rend hommage à ses parents, lorsqu’il revit les souffrances des travailleurs pauvres du Sud, déracinés dans le Nord, qui devient ferme, volontaire lorsqu’il souligne ses engagements sociaux et politiques, lorsqu’il dénonce les injustices du monde. De belles pages consacrées à la naissance de sa vocation d’écrivain, aux rapports entre littérature, lecteur et écrivain. Un régal de lecture.
B. C.
« Je voulais juste vivre » de Yeonmi PARK
C’est la répression ; la famine organisée, les arrestations avec déportation en camp de travail ou exécution pour motif futile (visionner un DVD) qui poussent YParh, (13 ans) à s’enfuir de Corée du Nord ; kidnappées dès leur arrivée en Chine, la mère est obligée de se laisser violer pour sauver sa fille, elles sont ensuite vendues plusieurs fois, la jeune fille est « mariée » à un homme de 40 ans, la mère réduite à l’état d’esclave … Elles survivent malgré tout et réussissent à s’enfuir pour pénétrer en Corés du Sud où elles se reconstruisent peu à peu. Yeonmi s’acharne sur ses études, dévore de nombreux livres et rattrape son gros retard (à 15 ans, elle a un niveau CM1. Elle milite désormais pour faire savoir au monde entier ce qui se passe en Corée, mais les dirigeants l’ont dans le collimateur et elle doit encore s’en méfier … Cela se passe de nos jours : 1999 / 2014. Bouleversant témoignage d’une jeune fille déterminée, courageuse et désirant secourir les opprimés, et dont la tâche est loin d’être terminée ! J’ai vraiment aimé ce parcours de vie ; car, même si l’on sait ce qui se passe dans ce pays, on n’imagine pas le quotidien ; croiser des cadavres sur le chemin de l’école, courir après les insectes pour les manger et également prise de conscience de l’endoctrinement de la population dont la seule obligation est de louer ses dirigeants (toute religion est interdite), une seule chaîne de TV, propagande même dans les problèmes de maths, etc. Récit insoutenable.
Mireille
Ces épreuves subies par la jeune fille et la longueur interminable de ce combat, cette fuite à travers la Mongolie, la Chine ont rendu Yeonmi un modèle de courage et de persévérance. A 22 ans, elle est considérée comme l’une des plus influentes dissidentes nord-coréennes et une activiste reconnue des droits de l’homme. On ne peut ignorer une telle figure.
Jane
« Bianca » de Loulou ROBERT
La narratrice, Bianca, 15 ans, a été hospitalisée à la suite d’une tentative de suicide. Elle raconte ici la lente remontée pendant laquelle elle croise, rencontre des jeunes comme elle, des malades plus âgés, les soignants. Le regard qu’elle porte sur eux est sans concession, de même que celui porté sur sa famille, à l’exception d’un petit frère qu’elle adore. Pourtant, elle est capable de donner tant d’amour !; une étude fouillée, très détaillée de l’univers de ces adolescents en général et plus particulièrement de ceux qui souffrent dans leur tête et leur cœur autant du temps passé d’où les souvenirs émergent que du présent fait de privations, la liberté surtout, d’actes violents, comme le suicide réussi de compagnons de chambre. Une lecture difficile, non par la difficulté du texte, mais par la crudité et la violence des descriptions, notamment sexuelles, le langage provocateur. Mais livre prenant qu’on n’a pas envie de lâcher et qui apporte une autre approche de la jeunesse. Pour lecteurs avertis.
JANE
Livre fort et percutant qui traduit le mal de vivre de certains ados. Très bien.
Bruna
« Illettré » de Cécile LADJALI
A 6 ans, lors de l’apprentissage de la lecture et de l’écriture, Léo apprend le départ précipité de ses parents qu’il ne reverra plus. Elevé par une grand-mère analphabète, déscolarisé à l’âge de 13 ans, il finit par oublier les rudiments de lecture et d’écriture acquis à grand peine. A 20 ans, comble d’ironie, il travaille dans une imprimerie ! il vit dans le monde clos et inquiétant des illettrés, séparé des autres par un mur de mots incompréhensibles. Avec volonté, il essaie de vaincre ce handicap. L’auteur, avec maestria, dépeint les divers sentiments qui peuvent agiter tout homme illettré : honte, aversion pour soi « l’incommensurable aliénation de soi à soi », solitude « il reste exilé parmi ceux qui n’ont jamais été ses semblables », violence, ressentiment « cette violence calamiteuse des êtres qui ont honte », peur, vulnérabilité … elle dénonce également l’école qui, dès le primaire, fait peser « un déterminisme implacable engageant Léo dans une voie à sens unique » et la société qui ne sait pas bien remédier à ce handicap. Pour l’auteur, le destin d’un homme est scellé dès son enfance par son illettrisme, « cette différence invisible ». Il lui sera difficile de « construire le radeau qui l’arracherait à sa solitude en le ramenant auprès des hommes. Il ne fera que survivre dans « le décombre des mots », « les mots si pleins d’échardes », « les phrases rouillées ». Un style brillant, poétique, métaphorique, que j’ai beaucoup apprécié. Mais pourquoi cette fin pessimiste ? Apparemment, l’auteur ne croit pas en une seconde chance. Dommage, car elle peut ainsi décourager qui ont la volonté d’apprendre à lire et à écrire.
Bernadette
Fin pessimiste certes, mais qui n’a pas pour seule cause l’échec de cette seconde chance (caricature de cours d’alphabétisation) qui a été donnée à Léo pour vaincre son illettrisme. Aussi importants que l’exclusion due à cette « tare », les abandons, (parents), les départs (grand-mère, son ami François, Sybille…) successifs qui ont jalonné sa courte vie et la solitude en sont responsables. J’ai beaucoup aimé ce roman.
Fabienne
De belles phrases pour évoque la souffrance de l’illettré, victime d’un passé indifférent et conscient de son infériorité, d’où sa honte. Beau livre. Jane