Le Mariage de Pavel par Jean-Pierre MILOVANOFF
Lors d’une ultime visite dans l’ancienne demeure familiale, le narrateur se remémore sa jeunesse, et particulièrement le récit que Pavel son père, sentant sa fin prochaine, lui fit de sa vie.
Russe blanc, à l’âge de quinze ans, en 1917, il fut obligé de fuir son pays en proie à la guerre civile, délaissant ainsi sa famille. Après moult péripéties, il parvint à s’installer dans les Cévennes où il rencontra une jeune fille fantasque, Odine, mais épousa sa sœur Renata, future mère du narrateur. Il fut phagocyté par ces deux femmes inséparables, rivales et complices, qui le détournèrent de son passé, de sa culture.
J’ai beaucoup apprécié les passages, d’une actualité brûlante, qui proposent une réflexion philosophique sur l’exil, sur les sentiments, les blessures des réfugiés, déracinés pour toujours. Ceux qui s’exilent « le font par nécessité, souvent dans l’urgence », puis ils découvrent qu’ « ils se sont dépouillés des liens qui les rattachaient à eux-mêmes ». « N’avoir aucune langue pour faire entendre son malheur, voilà l’absolu du malheur. »
Un style fluide, élégant, parsemé d’images personnelles, des personnages pittoresques (la tante) ; un livre empreint de tendresse et d’humour.
Un bel hommage que l’auteur rend à son père dans cette biographie romancée.
J’ai aimé. B.